Bismi l-Lahi r-Rahmani r-Rahim. Louanges à Allah Seigneur des mondes, que Allah honore et élève davantage en degrés notre maître Mouhammad et qu'Il préserve sa communauté de ce que le Prophète craint pour elle.

 

Ayant grandi dans une cité en banlieue parisienne, j’ai côtoyé beaucoup de musulmans…

Issu d’une famille plutôt chrétienne dont les parents avaient pris des cours de « kufurisme » (ils appellent ça catéchisme) comme beaucoup de français de l’époque, j’ai baigné dans cet environnement sans pour autant recevoir un enseignement quelconque s’y rapportant (al hamdou li l-Lah).

Depuis l’âge de 6 ans, je vivais seul avec mon père qui s’était séparé de ma mère peu après ma naissance. Mon père m’avait eu à un âge assez avancé (65 ans), fumait beaucoup et surtout buvait de l’alcool. Ceci étant, il a toujours été correct avec moi et je l’aimais vraiment beaucoup. Il lui manquait le principal, c'est-à-dire l’Islam mais il m’a élevé en m’inculquant des valeurs humaines fondamentales.

En 1992, peu avant mes 17 ans mon père a été hospitalisé pour un problème d’arthrose à la hanche (usure des os). Il devait se faire poser une prothèse. A la même époque, ma demi-sœur, l’homme avec qui elle vivait et leurs 4 enfants se faisaient expulser de leur logement et mon père les accueillit (dans un appartement de type F3 pour vous situer la scène).

A l’époque, ma demi-sœur (du coté de ma mère) était quelqu’un que j’appréciais et avec qui j’aimais passer du temps mais les voisins trouvaient que tout ce monde soudainement débarqué faisait beaucoup de bruit et troublait leur tranquillité, ce qui était une réalité. D’ailleurs, je me mis rapidement à regretter l’époque où j’étais seul avec mon père…

Pendant que mon père fût hospitalisé, je suis parti en vacances avec des amis pour respirer un peu et décompresser. Nous étions arrivés depuis peu et j’ai voulu prendre des nouvelles de mon père par l’intermédiaire de ma demi-sœur et là… Le premier gros choc de ma vie ! J’apprends que mon père n’a pas supporté l’opération et qu’il est dans le coma. Ma détresse fût si grande qu’aucun mot ne pourrait l’expliquer. Bien que n’étant pas encore musulman à ce moment là, j’ai passé beaucoup de temps à demander à Dieu de sauver mon père et de faire que je le retrouve encore en vie. J’ai bien sûr fait tout mon possible pour retourner auprès de lui au plus vite et le lendemain matin, j’ai pris un train pour rentrer.
Avant d’aller à la gare, j’ai téléphoné à ma demi-sœur pour l’informer de mon retour et lors de cet appel, j’ai eu l’impression que tout s’arrêtait, que tout s’écroulait ; elle m’annonça que mon père était décédé !

Je suis donc retourné chez moi dans cet appartement où vivait tellement de personnes et qui pourtant me paraissait si vide. J’ai compris, à ce moment là, le sens du dicton qui dit : « un seul être vous manque et tout vous semble dépeuplé ».

Devant les plaintes répétées de mes voisins, la sanction finit par tomber et nous avons été expulsés de l’appartement dans lequel j’avais grandi, l’appartement dans lequel j’avais tant de souvenirs, celui là même ou mon père avait vécu tant d’années. L’office HLM me laissa l’opportunité de conserver le logement et de continuer à y vivre ; mais seul.
A 17 ans alors que j’étais au lycée, sans revenus et encore bouleversé par ce que je vivais je pris la décision de suivre ma demi-sœur en Normandie pour vivre chez ma mère. C’est ce qui me semblait le moins difficile.

Mon meilleur ami de l’époque, Karim, décida de m’y accompagner et d’y rester avec moi durant les 2 mois des grandes vacances scolaires. Son renfort a été déterminant car cette vie au milieu de gens passant leur temps à boire de l’alcool, regarder et commenter la vie des autres me rendait dingue.

Je pris alors une décision cruciale : retourner dans ma ville « d’origine » dans cette cité qui m’a « vue » et fait grandir. Mais ce n’était pas aussi simple à faire, comment allais-je m’en sortir seul et où est ce que je pourrais habiter … ?

La 1ère étape était de rentrer, ce que je fis. Je repris rapidement contact avec l’office HLM pour voir s’il pouvait m’aider (je rappelle au passage qu’en général les délais pour obtenir un appartement sont très longs alors je vous laisse imaginer ce qu’il en est pour un mineur sans revenus).
A ma grande surprise, ma situation n’a pas laissé indifférent et on m’a donné un interlocuteur haut placé qui en moins d’une semaine me trouvait un studio dans la cité de mon enfance et dans le même immeuble que celui où je vivais avec mon père. Il savait que je n’avais pas de ressources mais la consigne était (je l’ai su plus tard par la gardienne) on ne l’embête pas avec des histoires de loyers ou autres… Allahou ‘akbar !

J’ai pu reprendre ma scolarité et l’assistante sociale de mon lycée m’a aiguillé vers l’aide sociale à l’enfance. Un éducateur a été désigné pour me suivre et m’aider (je pourrais également longuement parler de lui tellement son aide a été précieuse) et une allocation mensuelle m’a été octroyée.
Le mieux dans tout cela c’est que, contrairement, à la majorité des adolescents dans une situation semblable, je n’étais pas obligé de rejoindre un foyer mais je pouvais garder mon studio.
Je percevais 2 500 francs (j’ai bien dit francs pas euros) pour manger, payer mon loyer, l’électricité… En bref, pour tout !
Ce n’est pas évident de joindre les 2 bouts avec cette somme (même si certains ont beaucoup moins) et je me retrouvais parfois avec plus rien à avaler.
Encore une fois, Karim a été présent puisque c’est principalement lui et sa famille qui me donnaient à manger. Sa mère m’invitait à manger avec eux tous les jours durant le mois de Ramadan quand ils rompaient le jeûne et elle se comportait vraiment comme une mère avec moi. Ses frères et sœurs étaient également très gentils avec moi et quand j’y repense encore aujourd’hui, cela me touche énormément.
Pour l’anecdote, j’ai appris par la suite qu’avant le décès de mon père, la sœur de Karim avait rêvé de ce qui allait arriver et lui avait dit que je ne devais pas partir en vacances avec eux ; ma cha’a l-Lahou kan.

Le comportement de Karim et de sa famille m’a permis de me rapprocher de l’Islam mais à ce moment là, je n’avais toujours pas prononcé les 2 témoignages.

Au bout de 6 ans, Karim et moi nous sommes éloignés à cause d’une histoire de fille.
Cette fille n’était pas musulmane et sans le savoir, pour la 2ème fois Karim allait être une cause importante dans ma vie.
Forcément j’ai mal vécu cet épisode et aussi bien Karim que cette fille sont sortis de ma vie.

Quelques mois plus tard sur mon lieu de travail, j’ai fait la connaissance d’une personne (une musulmane) qui termina le travail commencé par Karim et je me convertis à l’Islam. Nous avons commencé à apprendre la religion ensemble car, comme beaucoup de personnes, nous n’y connaissions finalement pas grand-chose.

Aujourd’hui, nous sommes mariés et avons un enfant.

Ce que je retiens principalement c’est que des évènements douloureux ont été des causes de guidée pour moi. Encore une preuve que Allah sait mieux que tout autre ce qui est bon pour nous et que certaines choses qui font mal sur le moment permettent d’éviter un mal bien plus grand encore.

Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer et celui que Allah égare, nul ne peut le guider.

La route est encore longue (ou pas d’ailleurs car la mort ne prévient pas) mais ce qui compte c’est l’état sur lequel nous allons mourir.

Je remercie Karim et sa famille (que Allah leur accorde une fin heureuse), ma femme et sa famille (que Allah nous réunisse au Paradis sans châtiment) mais plus que tout, je loue Allah pour les bienfaits qu’il m’a accordé sans que ce soit une obligation pour Lui.

Le plus grand bienfait que Allah accorde à Ses créatures, c’est l’ISLAM !

Al hamdou li l-Lahi rabbi l-^alamin